L'Art du Pastel

De Jean-Pierre Mérat ( † ) (ancien président de la société des pastellistes de France ) http://www.pastellistesdefrance.com

La fabrication du Pastel

  • La fabrication du pastel se résume à mélanger avec de l'eau une forte proportion de pigments 80 à 90 % purs auxquels on ajoute une charge (craie maritime, talc, etc). et une légère proportion de gomme adragante ou colle synthétique.

  • Après malaxage la pâte est formée en rubans cylindriques coupée à la longueur voulue, puis laissée sécher quelques jours pour que l'eau s'évapore.
  • Étant composés en majorité de pigments purs leur neutralité ne provoquent pas de réaction chimique, c'est pourquoi il résiste à la lumière dont les attaques sont pratiquement négligeables.

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La Maison du pastel est l'une des plus anciennes fabrique de pastel au monde

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L'art du Pastel

  • Les origines de l'art du Pastel

-Les origines de l'art du pastel sont confuses.

  • C'est une invention française si l'on s'en rapporte au témoignage de Léonard de Vinci qui l'aurait appris de Jean Pérréal en 1499.
  • Nous ne connaissons plus rien des oeuvres de Pérréal, nous savons seulement par une lettre de l'artiste datée de 1511 qu'il avait exécuté le portrait de l'épouse de Louis Barangier, secrétaire de Marguerite d'Autriche.
  • Le plus ancien dessin où apparaissent des traces de pastel est français, exécuté vers 1465, c'est une étude pour le portrait de Jouvenel des Ursins exécutée par Jean Fouquet, traitée en "demi-couleur" comme on disait alors.
  • Puis suivent des artistes comme les Clouet qui jusqu'à Nanteuil seront avant tout des dessinateurs, les quelques rares couleurs ne servant qu'à rehausser leurs dessins au crayon.
  • Le XVI ème siècle verra de grands artistes l'employer : l'Ecole Allemande, Lucas Granach, Hans Holbein sous l'influence de Jean Clouet, la hollande avec Goltzuis, en Italie, après Léonard de Vinci, seul Barorche est digne d'être cité.
  • La gamme de couleurs s'enrichit avec François Quesnel et les Du Monstier. On voit apparaître des rouges, des ocres, des bleus et des roses. Claude Mellan reprend la tradition de la demi-couleur et obtient des oeuvres gracieuses et pleines de charme.
  • A la fin du règne de Louis XIV la technique se développe grâce à des coloristes comme Charles de la Fosse et les Coypel.
  • Gauthier de Nismes nous livre la nouvelle manière de procéder des pastellistes : " ils exécutent le dessin par des traits colorés, si bien que l'œuvre paraît extrêmement grossière, puis estompent avec un morceau de papier roulé pour fondre les couleurs."
  • Cette pratique de l'estompage fait perdre au pastel son caractère graphique et le conduit dans la voie de la peinture.

Le jour se lève

L' âge d'or de l'Art du Pastel

- C'est au XVII° que l'art du pastel devient une véritable peinture avec Joseph Vivien, Jean-Marc Nattier, Charles-Antoine Copeyl.

  • Ils ont tracé le chemin des grands artistes du XVIII° siècle, Maurice Quentin de la Tour, Jean-Baptiste Perronneau, J-B Siméon Chardin, François Boucher, Jean-Baptiste Greuze, Louis Vigée, Joseph Boze, pour ne citer que les plus grands.
  • Il faudrait citer aussi Jean Valade, Alexis Loir, Claude Hoin et Pierre-Paul Prud'hon, Mesdames Labille-Guiard, Vigée-Lebrun, et Madame Roslin, talents éblouissants.
  • De nombreux artistes étrangers résident et travaillent en France, leurs noms restent attachés à l'histoire du Pastel parmi les plus grands pastellistes, Rosalba Carriera, italienne, les suédois Gustave Lundberg, Alexandre Roslin, Pierre Adolphe Hall, le pastelliste suisse Jean Liotard et bien d'autres.
  • A cette époque, Paris compte à lui seul plus de 200 pastellistes dont beaucoup, pratiquement ignorés de nos jours, mériteraient de sortir de l'ombre, excellents artistes, ils égalaient souvent les pastellistes les plus renommés.
  • La vogue des portraits au Pastel s'éteint peu à peu avec les dernières années du XVIII° siècle, comme l'a écrit Albert Besnard dans son ouvrage sur La Tour : … " Les grandes époques guerrières sont venues, l'on a plus le temps de poser. Emporter au camp le pastel d'une amie ou d'une épouse, il n'y faut guère penser. La miniature est là, qui, enfermée dans un écrin, peut se porter sous l'uniforme, à la place du cœur, comme une amulette"…
  • XIX° et XX° siècles
  • L'art du pastel n'est plus en vogue.
  • Pourtant, dans les dernières décennies du XIX ° quelques pastellistes exécutent de vastes portraits en pieds des dames de la haute bourgeoisie ou des demi-mondaines qui hantent les plages à la mode. Ignorées aujourd'hui du grand public, les oeuvres de ces pastellistes étaient dignes des pastellistes du XVIII siècle.
  • (Texte ci-dessous modifié le 17 01 2015 par Jean Claude Baumier )
  • La Société des Pastellistes, céée en 1885 par Roger Ballu, Président de la Société des Pastellistes Français, exposera d'illustres artistes, comme Helleu, Lévy, Puvis De Chavanne, Henri Gervex , Berthe Morisot, Toulouse Lautrec, Degas, Marie Cassatt, et plus prés de nous, Guirand de Scevolla, Tournon, Jules Chéret, Renée Couet, etc ...
  • Les artistes de la fin du XIX° et ceux du XX° siècle, Renoir, Millet, Picasso, Matisse, etc… se sont adonnés au pastel, mais aucun d'eux ne s'y est réellement consacré.
  • La Seconde Guerre Mondiale interrompt les activités de la Société des Pastellistes, elles reprendront en 1984, grâce à l'action d'une équipe de passionnés animée par Jean- Pierre Mérat ( Président de la Société)
  • La situation de l'art du Pastel était catastrophique, seuls 4 à 5 pastellistes subsistaient. L'art du Pastel était à l'agonie.

Orage en vue

Le Pastel d'aujourd'hui

  • Il aura fallu entreprendre une véritable "croisade"de près de de 30 ans pour faire redécouvrir l'art du pastel. Informer sans cesse le grand public, convaincre les artistes pour qu'ils consentent à s'y intéresser de nouveau, organiser des Salons et y inviter les grands pastellistes étrangers, notamment les artistes Anglais, Américains, Canadiens, Australiens, l'enseignement de l'Art du Pastel n'ayant jamais été abandonné dans les pays anglo-saxons, alors qu'en France le pastel était tombé dans l'oubli.
  • Aujourd'hui l'art du pastel a beaucoup évolué, les pastellistes l'utilisent comme une véritable peinture et leurs oeuvres rivalisent avec celles de l'huile, il brille dans toutes les disciplines, Paysage, Fleurs, Nature-Morte, Marine, peinture Animalière, et, bien sûr, dans le Portrait et le Nu.
  • L'art du Pastel reprend une place prépondérante, il étonne et ravit les amateurs d'art à la recherche d'œuvres admirables par la beauté de leur exécution, leur sensibilité et leur force d'expression.
  • Actuellement l'on assiste à une véritable pépinière d'artistes professionnels et amateurs, déjà remarquables par leur recherche de l'habileté technique et leur sens exquis de l'harmonie des couleurs.

Extraits de la conférence de J.P Mérat d'après les ouvrages de :

Pierre Lavallée : Editions d'Art et d'Histoire

Paul Ratouis de Limay : Le Pastel en France
Conservateurs de la bibliothèque des Arts Décoratifs
Etidiontions de la Baudinière

Horizon incertain

Fondation de la '' Société des pastellistes Français ''

Donnons la parole à Roger Ballu, premier président de la Société de Pastellistes français (extrait d'un article adressé à Ludowic Bachet, publié dans la " Revue Illustrée, n°57 du 15 avril 1888), pour nous conter la création de la société en 1885.

" . . . Et dire que quand notre Société est née, personne, sauf quelques-uns, ne croyait à son existence : on avait même prédit qu'elle n'arriverait pas a terme ! J'ai là-dessus des souvenirs qu'il m'est infiniment agréable de rappeler... Pardonnez-les moi.
C'était, il y a cinq ans, à l'exposition des Dessins du siècle, à l'École des Beaux-Arts. Je ne sais comment, devant ces admirables dessins rehaussés au pastel de Millet, le regret me vint de penser que ce genre si français, si fécond en ressources, était à peu près abandonné ; et cependant je dois reconnaître que déjà Emile Lévy avait réussi à le mettre en faveur pour les portraits, et que Duez s'en était servi dans de charmants panneaux de fleurs. Les aquarellistes existaient bien, pourquoi n'aurions-nous pas aussi les pastellistes ?
C'est sous cette forme que l'idée se présenta a moi. A peine avait-elle traversé ma pauvre cervelle, - et peut-être n'aurait-elle fait que passer seulement, - que j'aperçus, en me retournant, Georges Petit, qui venait de se constituer l'hôte des aquarellistes.
Alors, avec un imperturbable aplomb, prenant de suite mon désir pour une réalité, j'annonçais à Georges Petit que j'organisais une Société de Pastellistes, et qu'à peu près composée déjà, elle allait ouvrir à l'Ecole même sa première exposition.
Georges Petit sauta sur le projet, me dissuada, sans trop de peine naturellement, de conserver l'emplacement du quai Malaquais. Un quart d'heure après, nous avions échangé notre parole pour un traité à intervenir.
Mais il fallait trouver des pastellistes! C'était bien, somme toute, le principal. J'ai encore à l'oreille le concert des objections, les représentations des incrédules : " Le pastel est un art mort, il a fait son temps - on ne fera jamais mieux que La Tour...., il n'y a plus de peintres qui fassent du pastel : vous n'en trouverez jamais assez pour organiser une Société, voire même une exposition. "
Malgré cela, je réunis assez vite une quinzaine d'artistes qui m'encouragèrent et acceptèrent la proposition. Bien des fois, il me fut répondu : " Je ne demanderais pas mieux que de faire partie de la Société, mais je n'ai jamais fait de pastel. " - " Ce n'est pas une raison, vous en ferez, répliquais-je. " Et comme ils ne se trouvaient pas seuls à tenter l'aventure, cela les enhardissait. Quand on est artiste de race, comme ils l'étaient tous, la pratique du pastel ne devait être qu'un tour de main à prendre. C'est ainsi que nous eûmes Paul Baudry et Gustave Guillaumet.
Les statuts rédigés, par lesquels il fut décidé que la Société ne se composerait jamais de plus de trente membres (les sociétés fortes et qui durent, sont les fermées et les peu nombreuses), il fallut faire acte d'existence.
La date de l'ouverture de la première exposition fut fixée au 1er avril 1885. Dame ! on était peu nombreux encore. Quatorze artistes vivants, membres de la Société nouvelle, étaient a même d'exposer, et peu d'oeuvres. Il fallut appeler les morts à la rescousse.
Nous allâmes à Saint-Quentin chercher des La Tour. Les collections particulières nous prêtèrent des Perroncau, des Largilliére, des Rosalba, des Coypel, des Chardin, des Prud'hon, des Reynolds, des Vigée Le Brun. Le dix-huitième siècle, qui nous servait de préface radieuse, nous donnait des leçons, en même temps qu'un patronage, et nous recommandait auprès du public pris au charme.
L'année suivante, les cadres étaient pleins. A l'heure actuelle, aucune place n'est vacante. Ce n'est pas tout, il y a une liste de soixante-cinq candidats!
El, le plus joli, c'est que, une semaine après l'ouverture de la première exposition, on ne trouvait plus de boîtes de pastels, à Paris, chez les marchands de couleurs! Rassurez-vous, ils en sont pourvus maintenant.
On vient de découvrir un nouveau procédé pour fixer le pastel, qui a donné des résultats inattendus. La Société va partir, au mois de mai, pour Copenhague. Que l'Amérique l'appelle, elle ira.
Oh! les bons prophètes qui avaient prédit que l'art du pastel étant mort, rien ne saurait le ressusciter! Je pourrais citer leurs noms; a quoi bon? Je me contenterai de dire seulement qu'on ne leur avait pas demandé de faire partie de la Société de Pastellistes français.
Celle-ci a eu un tort bien grave, en vérité : elle n'a voulu chez elle que de véritables artistes, et elle y a réussi. "

Les 22 Pastellistes " fondateurs "

Emile Adan, Baudry, Jean Béreau, Albert Besnard, Gustave Boulanger, Cazin, Guillaume Dubufe, Duez, Henri Gervex, Guillaumet, Jacquet, Jules Lefèbvre, Madeleine Lemaire, Lhermitte, Emile Levy, Albert Maignan, Frédéric Montemard, Adrien Moreau, Nozal, Raffaëlli, Philippe Rousseau, Edmont Yon

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